Éclatant soleil
de l'injustice

Création
1968
Mise en scène :
William Jacques
Texte :
Walter Weideli

« Ma pièce tente de mettre en garde contre les jugements hâtifs provoqués par des réactions passionnelles à motivation politique. (…) Mon but est de lutter contre deux sortes d’aveuglement : le fanatisme et l’indifférence. »

« L’art de faire tirer la langue »

Weideli a-t-il fait œuvre d’historien ou de moderne moraliste ?

Si Jacques Pilet « tombe dans le simplisme de cette formule lapidaire » dans La Feuille d’avis de Lausanne, son confrère de la Nouvelle revue penche pour une pièce « beaucoup plus policière que politique », effet de mode que dénonce Fortunio Suès du Journal Français, tandis que Claude Vallon remarque au Journal de Genève la « transition dans l’œuvre de Weideli : du théâtre de démonstration vers le théâtre de signification ou de conscience. »


 

Défense de Nicola Sacco (Michel Cassagne)

Interview de Walter Weideli

Mais peu importe, au fond.
Tous retiennent sa construction autour d’une « multiplicité de flashes plus ou moins longs alliés à une tension croissante, à une progression. » 

« Le rythme – brechtien dans son découpage – ne l’est pas dans son évolution : tout participe ici à l’événement final, la condamnation. Et ce n’est pas la moindre qualité de cet ouvrage, conclut Daniel Bard à La Tribune, dont chaque séquence reprend la balle au bond pour la lancer plus loin. »  

Quelques heures avant l’exécution de Sacco et Vanzetti dans le Massachusetts, le 22 août 1927, des émeutes éclatent à Genève : les enseignes américaines ou réputées comme telles du centre-ville sont saccagées, les vitres du consulat U.S. cassées à coups de cailloux, des échauffourées éclatent devant le palais de la SDN entre les manifestants et les agents de sûreté, un certain M. Schaeffer est tué par balle à la rue Necker.
Les dégâts seront chiffrés aux alentours des 90 000 frs. Des peines de quelques mois sans sursis prononcées. Par ordre du Conseil fédéral, cinq manifestants italiens seront expulsés après avoir purgé leurs peines d’emprisonnement. 

Plus qu’un décor – une architecture 

« Je ne peux concevoir les scènes, lorsque j’écris, si je ne peux les imaginer dans l’espace »

Walter Weideli

« Le décor est une machine à jouer »

« Il est clair que mes pièces n’appellent pas un ‘décor’, une ornementation, pas plus qu’une reconstitution historique ou naturaliste. Mon théâtre, par sa rapidité, sa mobilité, appelle une architecture.
Le décor est une machine à jouer, comme un ring est un lieu où l’on boxe. Le décor n’a rien de 1927. »

Walter Weideli

Un travail d'équipe

« Ce succès on le doit pour une grande part aussi (…) à Jean-Michel Bouchardy, auteur des costumes et d’un dispositif scénique extrêmement ingénieux, structuré, ‘architecturé’ de façon à mieux disposer de l’espace et de ses connivences avec le texte et ses intentions. »

Daniel Bard

La leçon d’Appia

Cette architecture de l’espace – distribué en divers point isolés par des éclairages – met remarquablement en pratique, comme le souligne la presse, les principes scénographiqes posés par Adolphe Appia.

Adolphe Appia


 

« Il y a là, avant tout, une question d’éclairage »

« Appia a été amené à sentir toujours plus profondément le désaccord invraisemblable, monstrueux, qui existe entre les toiles peintes du décor, découpées, développées successivement et en profondeur – peintes de lumières fictives, d’ombres fictives – et le corps humain, vivant, plastique et mobile. »

« La lumière qui convient à la mise en valeur d’une toile peinte n’est jamais celle que réclament des corps en mouvement. Il faut nécessairement choisir. »

René Chesaux

« Le problème, en somme, se réduit à ceci : trouver une conformation plastique du décor qui mette en valeur les attitudes et les mouvements du corps humain, tout en réclamant le même éclairage. 

Et c’est ici qu’Appia imagine cette chose tout simplement géniale : substituer à la peinture le relief. Le décor devra être basé non plus sur deux dimensions, mais sur trois (…) – créer un espace dans lequel l’acteur en mouvement pourra ‘circuler’. »

« Il a suffi à Appia pour déterminer l’espace rêvé, de la verticale, de l’horizontal et du plan incliné – à quoi il faut ajouter l’escalier »

Distribution

1968, ÉCLATANT SOLEIL DE L’INJUSTICE 

De Walter Weideli
Production Comédie de Genève
Du 27 mars au 1er avril 1968

Mise en scène : William Jacques
Décors et costumes : Jean-Michel Bouchardy
 

Distribution :
Michel Cassagne
Gérard Carrat
Bernard Junod
Marcel Vidal
François Simon
Corinne Coderey
Monique Mani
Isabelle Villars
François Chodat
Daniel Fillion
William Jacques
André Neury
Liliane Haag
Marcel Imhoff
Michel Faure