La visite
de la vieille dame

1976
Mise en scène :
Richard Vachoux
Texte :
Friedrich Dürrenmatt

A l’affiche de la première saison délivrée de « la servitude qu’imposait la venue des dix galas Karsenty-Herbert », la pièce de Dürrenmatt sert un théâtre de grand répertoire que défendait, à l’origine de la Comédie, Ernest Fournier. Noble dessein, dont la réalisation artistique pâtit de rudes critiques. 

« La même parole pour tous, mais la plus belle, la plus haute »

La pièce répond au « double choix artistique et humain » qu’ose Richard Vachoux, et « d’abord celui de l’œuvre, dont la qualité du texte doit être la valeur primordiale. »

« On voit bien, souligne Patrick Feria de La Tribune, les raisons qui ont incité Richard Vachoux à s’emparer à son tour du ‘classique’ Dürrenmatt : la fascination qu’il exerce, à commencer par la modernité de sa fable et, ce faisant, du théâtre. » 
Et de fait, « en ce début d’une saison qui marque un virage pour La Comédie qu’il dirige, Vachoux a gagné la partie » estime Jean-Roger Didier dans les colonnes du Progrès de Lyon.

« Richard Vachoux a fait
un coup de maître »

Corinne Coderey – Clara Zahanassian et Gérard Carrat – Alfred III

Le train, déclencheur de l'intrigue

« C'est à la faveur d'un court voyage entre Neuchâtel et Berne que Dürrenmatt trouva le thème central de sa pièce La Visite de la vieille dame.

Le Roland-Furieux s'arrête exceptionnellement dans l'une de ces gares sacrifiées, celle de Güllen, ville jadis prospère aujourd'hui ruinée. La personne qui a tiré le signal d'alarme revient dans sa ville natale pour se venger d'un déni de justice. »

« La Lorelei, le Roland-Furieux, le Diplomate, tous ces trains internationaux qui passent devant la gare de la petite ville de Güllen, sans jamais s'y arrêter, surgissent soudain sur la scène du théâtre de la Comédie. Sous la forme d'un petit train modèle réduit, circulant sur un long viaduc et faisant un bruit d'enfer. »

François Tranchant

Friedrich Dürrenmatt

« ‘Dans ce pays, on ne tire jamais le signal d’alarme, même en cas d’alarme’ se dit Dürrenmatt (la réplique est dans sa pièce).
Qui pourrait avoir l’audace de tirer le signal d’alarme dans un train suisse ?

Quelqu’un d’immensément riche, passant outre au règlement. »

Trop beau, trop neuf

« Le problème était donc, résume le Journal de Genève, outre le jeu complexe de la vieille dame : à la fois romantique et cynique dans sa recherche d’une justice absolue, de bien faire passer le drame dans le décor. »

Il semblerait que ce problème n’ait pas été résolu. « Hésitant entre un naturalisme primaire (l’intérieur de l’épicerie) et une volonté d’abstraction propre au Lego », le décor de Serge Diakonoff « est de prime abord faux : au lieu de suggérer une coquette petite cité, il devrait suer la misère, puer la crise. Ne mentionnons même pas les trains Märklin grand écartement… Mais l’édicule bâti naguère par le père de Clara est selon l’auteur ‘délabré’ et porte le ‘Männer’, ‘Frauen’ du bon vieux temps, et non pas, sur du pavatex flambant neuf la Mimi en mini qui suggère le sexe dit faible dans notre civilisation de désalphabétisation », s’insurge Gabrielle Faure de la Nouvelle Revue de Lausanne

« Là, c’est franchement curieux en fait de fascination, franchement curieux et pas très convaincant que ce dispositif à la Disneyland, de la miniature (petit village, petit train électrique traversant de part en part le plateau), du gadget : la Suisse est petite, on veut bien, mais encore… »

Patrick Feria 


 

La patte Diakonoff

Les panneaux en fibres de bois immaculés, lisses, sans histoire, de la gare et du bourg de Güllen ont fait l’objet de maintes critiques.
Une faiblesse à attribuer au dispositif privilégié pour les décors des cinq créations de la saison – un décorateur unique (Serge Diakonoff) et une même structure servant de base à des variations pour chaque pièce ?


 

La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt, mise en scène de Richard Vachoux, septembre 1976

Caligula de Camus, mise en scène de Gérard Carrat, janvier 1977

Intermezzo de Jean Giraudoux, mise en scène de Jean Bruno, décembre 1976

L’allégorie helvétique tombe à plat

Cohérente avec le décor, la mise en scène ne convainc pas non plus. 

« Richard Vachoux propose des intermèdes à l’accordéon pour meubler les changements de décors, quand il ne s’amuse pas avec de jolis chapeaux aux couleurs de nos cantons ou qu’il ne joue pas au train électrique. Cela bien sûr pour nous faire saisir que l’action se situe en Helvétie, pieuse intention qui camoufle mal l’absence d’autres intentions » ironise Catherine Unger dans La Suisse.

« Ils ont réussi à tuer un très beau texte, qui n’avait pas besoin de faux folklore pour susciter le rire » s’indigne la Gazette de Lausanne.

« Quant à l’allégorie helvétique, enchérit le Journal de Genève, elle nous semble quelquefois détourner la tension de la pièce en créant un grotesque qui, suscitant le rire de la salle, déséquilibre le texte très nuancé de Dürrenmatt. »

Serge Diakonoff (debout) et Richard Vachoux


 

Corinne Coderey – Clara Zahanassian et Gérard Carrat – Alfred III

« Faut-il comprendre que c’est justement là un vibrant accent auto-critique ?
Et la réponse, faut-il la trouver dans les costumes suisses que portent ostensiblement les personnages ? »

Gazette de Lausanne

Distribution

1976, LA VISITE DE LA VIEILLE DAME 

De Friedrich Dürrenmatt
Production Comédie de Genève
Du 21 septembre au 16 octobre 1976

Mise en scène : Richard Vachoux
Décor et costumes : Serge Diakonoff
 

Distribution :
Corinne Coderey
Isabelle Bonvin
Antoinette Martin
Anne Vaucher
Laure Della Santa
Gérard Carrat
Jean Bruno
Georges Wod
Jean-Pierre Moriaud
René-Marc
Jean Fuller
Georges Milhaud
Oers Kisfaludy
Jean-Charles Fontana
André Faure
André Talmès
Sacha Solnia
André Neury
Jean-René Clair
Ghislain Makombo
Max Mabiala-Samba