Un Cyclo de jute
et de la mousse

Mondes organiques et minéraux

«De la bricole à quatre sous»

« J’ai trouvé les tissus à la Goutte d’Or, dans les quartiers arabes de Paris. De la bricole à quatre sous, le doré du pauvre. Nous n’avons pas les moyens du Piccolo Teatro. Ce qui compte, en revanche, c’est le travail : un nombre impressionnant de coutures pour recouvrir toute la scène. »

Jean-Marc Stehlé, décorateur
 

Montant du décor : 40 000 CHF
sur un budget global de 2 millions environ

« Sorte de tapisserie contemporaine géante, pleine de recoins, de boursouflures, de formes baroques » pour Michel Voiturier du Courrier de L’Escaut, « sorte de matrice, d’antre ou de caverne, fait d’un tissu matelassé aux tons brun-vert, que sculptent protubérances, bourrelets, replis boudinés, rondeurs et orifices en forme de cratères » pour Jean-Michel Meyer du Journal de Genève
A peine dévoilé, le décor de Jean-Marc Stehlé suscite l’envolée des descriptions lyriques.

Une énorme marionnette à transformation

Légende

« Le fond se métamorphose en gueule d’ogre. »

« Somptueux décor d’où, comme un diable de sa boîte, sortent tous les prodiges de cette étincelante fable »

Raphaël Aubert


 

Le cyclo en cinq parties, de 16 mètres sur 7 de haut, manoeuvrable par les comédiens, « sert de base à d’incessantes transformations, apparitions, déformations, suggestions. Tel dessous de praticable devient fosse d’écoulement d’évier, meublée de moisissure. Telle ouverture devient palais aux parois rutilantes. Le fond se métamorphose en gueule d’ogre. Ou disparaît pour faire place à quelque paradis magique. »

« En fait, la technique du décor est très compliquée parce qu’elle doit donner l’impression que tout est simple. Volontairement, les manoeuvres paraissent cahotantes, signifient le bricolage, la naïveté, l’astuce. Elles répondent aux personnages. »

Jean-Marc Stehlé

Un décor tout terrain

80m3 de décor acheminés… par gondoles

Praticables, tubes, pans de tissus, spots électriques, costumes, accessoires et masques emballés séparément dans de petites caisses occupent la totalité du volume d’un camion de 80m3.
A Venise, où le spectacle a été présenté du 10 au 15 avril 1984 au Teatro Carlo Goldoni, tout le matériel a été acheminé via plusieurs gondoles voguant sur des canaux d’à peine deux mètres de large…

L’envers du décor

« Au cinéma on passe en quelques fractions de seconde de la mer à un palais. Le cinéma-spectacle adore les effets spéciaux.
Au théâtre, qui est représentation de la réalité, le plaisir du public est de voir deux petits bouts de machin les amener de la mer à un palais, mais en le voyant » explique Jean-Marc Stehlé.


 

« Besson décide de faire le tonnerre avec une plaque de cuivre, l’éclair avec une ficelle fluorescente, et le vent avec un sifflet. »

Transition entre deux décors par jeu d'éclairages


 

« Besson a enlevé beaucoup de rouille dans la maison. Avant son arrivée, on s’endormait un peu. Mais quand il a monté ‘L’Oiseau vert’, sa première pièce comme directeur, nous avions tous l’impression d’avoir affaire à un fou ! 

J’avais mis des semaines à mettre au point les effets de tonnerre et d’éclairs, et à trouver une machine à faire le vent. Et voilà qu’à deux jours de la première, Besson décide de faire le tonnerre avec une plaque de cuivre, l’éclair avec une ficelle fluorescente, et le vent avec un sifflet. Il avait raison : l’effet comique était génial. »

Lucien Séni, régisseur de la Comédie de 1976 à 1989