Ce soir
à Samarcande
André Talmès
Jacques Deval
Illuminée par Simone Turck, « authentique ‘bête de théâtre’ » du Grenier de Toulouse que seconde une très bonne distribution maison, admirablement mise en scène par André Talmès grâce à une ingénieuse régie, de subtils jeux de lumière et « des sulfuriques et sifflantes musiques de Caron lui-même », l’œuvre de Jacques Deval remporte tous les suffrages. L’archétype de spectacle qui enchante public et critique de la Comédie.
27 octobre 1960. Répétition. 15 jours avant la première. Le Courrier jugera « l’interprétation tout à fait remarquable. On sentait une homogénéité de ton et de jeu qui attestait un fécond travail. »
Les trois-huit
Les décors visibles sur la scène sont ceux de la Charrette de pommes dont le texte anglais sera joué ce même jeudi 27 octobre, en matinée, par les étudiants de la Royal Academy of Dramatic Art de Londres.
Diriger comme un chef d’orchestre
« Le metteur en scène est un chef d'orchestre, il s’agit pour lui de faire réaliser aux comédiens qu’il dirige leur maximum »
« Noire, somnambulique et glaciale sous le triple aspect de la Mort, Mme Isabelle Villars nous vaut des apparitions saisissantes. »
Jacques Aeschlimann
« M. Marcel Vidal a donné à son fakir le tour propre aux gens du chapiteau, mais aussi une sensibilité constamment émouvante et se gardant, au tournant tragique, de donner dans l’excès. »
Eugène Fabre
Une authentique « bête de théâtre »
Vedette du Grenier de Toulouse, Simone Turck brûle les planches de la Comédie en Nericia, à laquelle
« elle a communiqué, chaleureuse et vive, la pulsation de sa nature : joueuse, violente et tendre tour à tour, elle a, à l’épilogue, su éviter avec intelligence d’appuyer certains accents mélodramatiques, »
admire Eugène Fabre dans le Journal de Genève.
« On connaît sa voix chaude, sa sensibilité, son venin, ses élans », enchérit Jacques Aeschlimann dans les colonnes de La Suisse. Or, le personnage de la dompteuse associe aux éclats de violence une candeur qu’elle a admirablement nuancée, avec une pointe de comique d’une parfaite justesse. »
Une performance mémorable « dont l’éclectique vivacité, les émois subits, les fulgurants retournements élèvent au carré le balkanisme d’une dompteuse grecque », conclut Rodo Mahert pour La Tribune.
« Elle ne joue pas,
elle vit ! »
Révélé en 1920 avec Une faible femme au Théâtre Femina, Jacques Deval fait une entrée fracassante dans le cercle des dramaturges parisiens de renom.
« Inconnu vers 9h du soir, M. Jacques Deval est à minuit un des plus sûrs espoirs du théâtre de demain »
A la réception donnée au très chic pavillon d’Armenonville en l’honneur du 40e anniversaire des galas Karsenty, fin septembre 1960, Marcel, neveu du fondateur des tournées éponymes, se souvient :
« L’auteur dramatique Jacques Deval avait voulu nous faire une petite farce. A l’aboyeur qui, à l’entrée des salons, lui demandait son nom, il répondit très sérieusement :
— Jean-Baptiste Poquelin !
Faisant son métier, l’aboyeur répercuta bien haut :
— Monsieur Jean-Baptiste Poquelin !
Il y avait au pavillon d’Armenonville des dizaines et des dizaines d’acteurs. Eh bien, aucun ne sursauta en entendant le patronyme de Molière. Quelques-uns se retournèrent pour jeter un coup d’œil sur le nouvel arrivant. Les autres continuèrent à bavarder et à piocher dans le buffet qui était, d’ailleurs, excellent !
Et Jacques Deval de conclure :
— Il n’y a que de l’au-delà que j’ai reçu une grande gifle ! »
Distribution
1960, CE SOIR À SAMARCANDE
De Jacques Deval Mise en scène : André Talmès |
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