La touche
High-tech
Vidéo/mapping :
la représentation du dialogue intérieur
« La scène s’ouvre sur un espace supplémentaire, un espace virtuel où allaient apparaître des images de Petra, inclus, enchâssé dans l’espace réel de la scène. »
Joël Pasquier
« Anne cherchait à adjoindre aux éléments statiques du décor des fonctions spéculaires, introspectives. Non par l’intermédiaire de simples écrans. Mais en intégrant totalement la vidéo dans le support scénique », explique Alexandre Baechler, vidéaste.
« ’La nouveauté arrive comme un voleur dans la nuit, sans bruit’, nous disait Michel Serres lors d’une rencontre publique à la Comédie »
Anne Bisang
L’écran-mur de la chambre :
journal intime de Petra
« L’image ouvre l’espace théâtral à l’infiniment intime… elle soulage parfois l’acteur, jouant pour lui, livrant au spectateur la chair de ses pensées, la texture de ses rêves » analyse Béatrice Picon-Vallin.
« Scène et salle travaillent alors main dans la main, traquant la vérité sous chaque accès de violence », poussant l’indiscrétion jusqu’à dévoiler « sur les murs nus les images tourmenteuses de ses amours » que Petra peut « effeuiller une à une comme autant de pages d’un journal intime. »
« Que le spectateur n’ait pas peur d’être le voyeur d’une intimité rarement montrée au théâtre »
Sophie Lukasik – Karine
« Première utilisation de l’image en mouvement dans les spectacles d’Anne Bisang, ça n’allait pas être la dernière.
La scène désormais munie de son double virtuel, de son ‘inconscient’ allait perdurer ainsi, ce qui constitue une évolution stylistique. »
Joël Pasquier
Mapping : la psyché lynchienne
« Le spectacle, à vif, devient cannibale. L’héroïne se retrouve un peu plus nue, et seule » poursuit Thierry Mertenat, tandis que la mise en scène ne la lâche pas d’une semelle.
En écho aux projections vidéos, conçues comme des espaces de rêve, les respirations bleues psychédéliques qui épousent tous les éléments du décor grâce à la technique, innovante à l’époque, du mapping, explorent le subconscient de Petra et le livrent, surexposé, au public.
Déjà en 1968!
Approfondissement du texte ou vacuité de l’illustration ?
1968. Eclatant soleil de l’injustice, pièce caméléone de Walter Weideli – est-elle politique, policière, documentaire, moraliste ? – fait appel à des projections lumineuses.
Clichés et « inserts publicitaires » d’après les comptes rendus des critiques. Pour un résultat tout aussi ondoyant. Horngacher rappelle dans Voix Ouvrière que Weideli, « fidèle à l’emploi de la technique cinématographique », les a utilisées pour « souligner l’action », amenant Daniel Bard de La Tribune à considérer qu’elles jouent « un rôle primoridal et explicite » au même titre que les éclairages.
Tandis que Jacques Aeschlimann nie, dans les colonnes de La Suisse, leur pertinence, arguant que « le procédé de Piscator, théoricien de théâtre politique, ne va pas sans oblitérer l’atmosphère humaine de l’ouvrage. Elle rappelle alors celle des cours du soir. »