L’arrivée massive de la télévision – plus d’un million de récepteurs en Suisse, dont 270 000 en région romande, souligne René Dovaz dans son édito de Plein feu de 1969 – fait craindre une désaffection des lieux de théâtre.
Mais le danger ne vient pas d’où on l’attend.
René Dovaz, président du Conseil d’administration (1972-1978)
« Les conditions sociales ont changé du tout au tout. Les possibilités matérielles de plus en plus grandes de faire du ski durant les week-ends ont ‘tué’ les samedis et dimanches qui étaient les meilleurs jours à La Comédie. »
Les matinées du dimanche
« Il y a une trentaine d’années, La Comédie jouait chaque dimanche en matinée, à 15 heures.
Le ski était moins pratiqué et les Genevois restaient encore dans leur canton, le samedi et le dimanche.
Lors d’une matinée, le rideau se lève sur une pièce dont j’ai oublié le titre. Le décor était planté et le premier acte se déroule normalement. Entr’acte. Le deuxième acte commence : même décor. Re-Entr’acte. Le troisième acte commence : toujours le même décor.
A ce moment, une spectatrice se penche vers sa voisine de fauteuil et lui dit à voix basse :
– Il ne faut jamais venir le dimanche en matinée. Ils ne changent pas les décors ! »
Picoche
1948, Montserrat, d’Emmanuel Roblès. Les trois actes se passent dans la même salle de garde – un exemple de pièce au décor unique.
« Il ne faut jamais venir le dimanche en matinée.
Ils ne changent pas les décors ! »
« Aucune des trois disciplines – ni la TV, ni la radio, ni le théâtre – ne subvient au besoin minimum d’un acteur. »
William Jacques, 1968
« Je n’écris plus de pièces. Depuis trois ans, je me suis complètement orienté vers ce langage nouveau qui est la télévision. »
Walter Weideli, 1972
Si la télévision ne freine pas la fréquentation des salles, en revanche, à l’égale de la radio, elle accapare de plus en plus… auteurs et comédiens.
D’ailleurs, « à La Comédie, les acteurs avaient un contrat qui stipulait qu’ils étaient à disposition de la radio le matin et le reste du temps à La Comédie. »
René Dovaz
« On peut tout inventer. Il n’y a pas de classique, personne qui nous écrase. On est les pionniers. C’est merveilleux ! »
Walter Weideli
