L'Histoire tragique
d'Hamlet, prince
de Danemark
Benno Besson
William Shakespeare
Mars 1983. Anne Cunéo assiste aux répétitions d’Hamlet. Impatiente. « Le Besson le plus fascinant, lui confie le cinéaste Walter Marti, est celui des répétitions. Ca fuse comme un vrai feu d’artifice, à jet continu. »
« Je ne trouve pas tant que ça que ça fuse. Je vois bien que Besson est très concentré, il dit des choses sensées et même profondes, mais il n’y a pas encore là de quoi émouvoir mon âme d’enfant. »
« Ce n’est que plusieurs jours après la première répétition que j’ai eu ma première lueur, aussitôt suivie de ce frisson de plaisir qui m’importe. »
« J’étais venue là un peu comme une journaliste pour tenter de cerner Besson.
Anecdotiquement, au fond, mais un homme comme Benno Besson ne se comprend pas par l’anecdote.
Il faut que je reprenne à mon compte le conseil de Benno Besson aux acteurs : ‘Une fois qu’on a entamé un mouvement, il faut le porter jusqu’au bout – aussi dans le temps.’ »
Anne Cunéo
« La première scène d’une pièce, c’est essentiel. C’est là qu’on pose son atout. C’est là qu’on embarque le public.
Si elle est réussie, la pièce a beaucoup de chances de réussir. Si elle est ratée, c’est cuit.
Allez, on recommence. »
Benno Besson, répétition d’Hamlet, mars 1983
Armen Godel (Marcellus), Jacques Amiryan (Horatio), Carlo Brandt (Francisco)
« Il faut presque deux heures pour mettre en place ces douze répliques »
« – Armen, quand il dit ‘Amis de cette terre’, il intellectualise épouvantablement, vous corrigez : ‘Et les hommes liges du Danemark’, c’est comme ça qu’on dit. (…)
FRANCISCO
– Je crois que je les entends.
– Oui, Carlo. Au fond, vous aimeriez faire un brin de causette, vous êtes curieux, il faut que ça s’entende. Et en même temps, votre ‘je les entends’ a une certaine intimité. On va reprendre cette entrée. Rappelez-vous : tout se passe dans le noir. »
« L’arrivée d’Horatio donne lieu à un travail qui n’est pas moins minutieux.
FRANCISCO
– … Qui va là ?
HORATIO
– Amis de cette terre !
MARCELLUS
– Et hommes liges du Danemark.
Besson :
– A cette première réplique, Horatio se définit. C’est un ‘ami de cette terre’ qui veut montrer aux Danois que le fantôme n’existe pas. Par ailleurs, il faut que la réplique ne soit pas trop triste, sinon c’est l’enterrement de la pièce.
Plutôt que de répondre à Francisco, il se parle à soi-même. C’est quelqu’un venu d’ailleurs, il a un comportement bizarre. Marcellus corrige. Il rétablit la longueur d’onde qu’Horatio a coupée en se moquant du Danemark.
Armen, toi tu surveilles Horatio, mais Horatio ne s’occupe pas du fait que Marcellus le corrige. Bon, on y va ?
On y va et on travaille à ces deux répliques pendant une bonne demi-heure. »
Benno Besson et Hamlet
« Je vous embête, mais je sais pourquoi. Ce début de la scène, c’est vital. »
Benno Besson
« J’aime bien me laisser faire par Benno.
Cela me permet à chaque fois de découvrir quelque chose de nouveau à mon propre sujet. Une fois qu’on a adhéré à un projet comme son Hamlet, la meilleure des choses, c’est de se laisser aller. A mon avis, on n’a rien à perdre. Moi, j’y ai gagné. »
Jacques Roman – Laërte
« L’apprentissage à plat du texte, avant le travail avec le metteur en scène, je le fais en me promenant, en ville ou à la campagne. J’essaie de lier les deux. »
Roger Jendly – Hamlet
« L’omniprésence d’un Hamlet déroutant, superbement défendu par Roger Jendly. »
Jean-Bernard Mottet
« Roger Jendly est prodigieux de vivacité, d’astuce, d’éloquence gestuelle. »
Jean-Claude Blanc
« Non, Hamlet n’est pas un Zorro qui venge son bon droit »
« J’ai évité d’aborder Hamlet comme un tabou. Ce n’est pas un monstre, ni un monument, mais un rôle comme un autre. Hamlet reçoit un ordre monstrueux : tuer Claudius. Or, il hésite. Est-il lâche ou trop intelligent ? »
Roger Jendly – Hamlet
« J’ai mis du temps à comprendre que le choix de Benno Besson se soit porté sur Roger Jendly pour jouer Hamlet.
Ce n’est qu’au bout de plusieurs jours que j’ai compris : pour rendre ce personnage fou et dangereux, risible et choquant, attendrissant et répugnant qui se dessine peu à peu, un acteur à la fois comique et tendre qui ne soit pas exclusivement un ‘comique’, c’est ce qu’il y a de mieux.
Par instants, on a la sensation que Jendly joue Sganarelle, pas Hamlet. »
Anne Cunéo
Distribution
1983, L’HISTOIRE TRAGIQUE D’HAMLET, PRINCE DE DANEMARK
De William Shakespeare Mise en scène : Benno Besson |
Distribution : Barnardo, Francisco, soldats : Jean-Pierre Gos, Carlo Brandt Marcellus, officier : Armen Godel Horatio, condisciple d'Hamlet : Jacques Amiryan Le spectre du père d'Hamlet : Roland Sassi Gertrude, reine de Danemark, mère d'Hamlet : Véronique Mermoud Claudius, roi de Danemark : Michel Kullmann Hamlet, prince de Danemark, fils du précédent roi, neveu du roi actuel : Roger Jendly Valtemand, noble danois : François Berthet Cornélius, conseiller du roi : Carlo Brandt Polonius, premier conseiller du roi : William Jacques Laërte, fils de Polonius : Jacques Roman Ophélie, fille de Polonius : Catherine Eger Reynaldo, étudiant, ami de Laërte : Carlo Brandt Rosencrantz, ami d'enfance d'Hamlet : Dominique Gay Guildenstern, ami d'enfance d'Hamlet : Alain Trétout Premier comédien : Carlo Brandt Reine de comédie : François Berthet Roi de comédie : Roland Sassi Un comédien : Jean-Pierre Gos Fortinbras, prince de Norvège : Alain Trétout Le capitaine norvégien : Jacques Amiryan Un vieux gentilhomme danois : Roland Sassi Un secrétaire de la cour danoise : Dominique Gay Deux pirates : Michel Favre, Antoine Vallélian Un fossoyeur : François Berthet Un sacristain : Jean-Pierre Gos Le prélat : Carlo Brandt Osric, noble danois : Armen Godel L'ambassadeur d'Angleterre : Dominique Gay Courtisans : Michel Favre, Antoine Vallélian |