Othello

1995
Mise en scène :
Omar Porras
Texte :
D’après William Shakespeare

Phénomène du off genevois depuis 1991, l’iconoclaste Teatro Malandro se voit confier par Claude Stratz l’ouverture de sa septième saison. La tragédie a été abordée avec « une totale liberté par rapport aux personnages, avec l’envie de raconter une historie, d’amener des images, des ‘coups’ de théâtre, de la musique, des bruits, et que cela ‘déménage’, dans un mariage doux-dingue de rêves et d’énergie. » A l’instar de Francine Collet du Courrier, « on déteste ou on adore. Choisissez votre camp… »

« L’imagerie sophistiquée d’un Othello de commedia dell’arte »

« Les passages les plus réussis sont les plus visuels comme la tempête (défoulement de soieries sobres). Ou quand l’action se joue en ombres portées. »

Stéphane Bonvin


 

« Comme toujours, il y aura des costumes et des décors bricolés, avec des trucs, des machins, des bouts de tissus et de la peinture » s’enthousiasme Christophe Fovanna du Journal de Genève.

« Rideaux dépenaillés évoquant des murailles sculptées que le temps et la lagune ont rongées, ou bien réunis pour composer la courbe d’une caravelle, voiles de navires secoués par la tempête, lumières rouges de l’enfer et du carnaval… », le Teatro Malandro tire sa force et sa singularité de la richesse visuelle qu’il prodigue « grâce à un dispositif scénique ingénieux et simple : une grande boîte biscornue, tapissée de trappes d’où surgissent personnages en chair et en os ou marionnettes. »

« ‘Omarello Shakesporras’ Jubilons ! Car revoilà Omar Porras. Avec son Teatro Malandro, ses décors fous récupérés avant le passage de la voirie et sa tribu d’acteurs masqués. »

Olivier Perrin

Faire de l’image : le geste des jeunes metteurs en scène

Interview de Claude Stratz

« Il faut une image forte pour faire entendre les mots du texte »

Claude Stratz

D’où vient le hic ?

« Toutes ses idées sont très bonnes. Les marionnettes mettent même dans le mille puisqu’Othello est une tragédie de la manipulation. Mais encore faut-il que les acteurs tiennent la route et c’est là que le bât blesse » dénonce Pierre Chantre de L’Hebdo.

Alors que René Zahnd loue dans 24 heures l’interprétation qu’Omar Porras-Speck livre de Iago, il souligne dans le même temps que « les réussites autour de lui sont inégales. Le couple formé par Othello (Antonio Buil) et Desdémone (Mariom Porras-Speck) n’est pas convaincant (…) ». Une opinion que relaie Stéphane Bonvin dans les colonnes du Nouveau Quotidien : « Ainsi l’idée d’avoir fait de Desdémone et d’Othello un couple de pantins peu crédibles (lui en latin lover, elle en Gretchen roucoulant sous les froufrous). Leur manque de consistance fait que l’enjeu se déplace » déplore-t-il. 

« On se dit qu’on a vu une suite d’images sans conséquences.
L’impression d’avoir un collier fait de rubis, de macaronis grillés, de strass bon marché et de perles vraies. Le fil se casse. Et il n’y a plus que des billes sans lien.
Ca se répare assez facilement, notez. »

Stéphane Bonvin

L’effet « première à la Comédie » peut-être…

Débarquer du off procure certains avantages : la troupe de ce « théâtre voyou » a pu « répéter pendant six mois (le temps normal étant de deux mois), dont les trois derniers étaient financièrement assumés par la Comédie, précise Sandrine Fabbri au Journal de Genève. Et dès le mois de janvier, la troupe a eu accès aux entrepôts de décors, d'accessoires et de costumes et a été soutenue par l'équipe technique du théâtre. »

Peut-être est-ce pour cela, remarque René Zahnd, que « c’est plus abouti, plus maîtrisé sans doute que dans les autres réalisations de Malandro. La ligne artistique est clairement affichée, revendiquée. Il y a une esthétique, une dimension cosmopolite, un désir de partager avec le public, une option musicale (…).

Mais on constate la disparition d’une certaine fraîcheur, poursuit-il, de spontanéité, qui a aussi pour conséquence de rendre visibles les lacunes de certains acteurs. » 


 

« N’en déplaise aux Shakespeariens puristes et autres intellos rabat-joie.
L’Othello d’Omar Porras-Speck n’est pas un spectacle ‘théâtralement’ correct, aseptisé, léché, propre, en ordre. Il est loin d’être parfait, mais quelle respiration bienvenue pour chasser le blues automnal ! »

Francine Collet

Backstage

« Une des particularités de la troupe, c’est de répéter toujours maquillée et costumée. Les masques et les décors ne viennent donc pas se surajouter artificiellement après des mois de répétition. 
Du premier au dernier jour, je veux du théâtre. Quitte à tout changer (masques, rôles) à quelques jours de la première’ explique Porras ».

Stéphane Bonvin

« Du premier au dernier jour, je veux du théâtre »

Omar Porras

Distribution

1995, OTHELLO 

D'après William Shakespeare
Adaptation : Omar Porras-Speck
Coproduction Teatro Malandro – Comédie de Genève
Du 3 au 21 octobre 1995

Mise en scène et scénographie : Omar Porras-Speck
Lumières : Angelo Bergomi
Costumes : Hartmut Schäfer
Masques et maquillage : Fredy Porras
Marionnettes : Isabelle Matter
Son : Thierry Simonot
Assistante à la mise en scène : Mariom Porras-Speck 
Dessin-portrait : Karin Arvidsson
Accessoires : Madeleine Speck
Musique : Yann Aebersold
 

Distribution :
Othello : Antonio Buil
Gratiano : Nicolas Jehouda
Cassio : Yann Joly
Roderigo : François Margot
Sénateur : Juan Miguel Molina
Bianca et Montano : Joan Mompart
Lodovico : Paola Pagani
Desdemona : Mariom Porras-Speck
Iago : Omar Porras-Speck
Emilia et Brabantio : Irma Riser

Guitare, guitare électrique : Yann Aebersold
Saxophones soprano et baryton, basse : Aina Rakotobe 
Djembé, balafon, congas, batterie : Dimitri Tasev