Henry Baudin
Architecte genevois investi dans la défense des logements économiques, des cités-jardins et des constructions scolaires, auteur de nombreuses publications remarquées pour leur richesse iconographique et le didactisme de leurs plans détaillés, Henry Baudin est choisi en 1910 pour édifier la Comédie.
Son engagement au sein de l’Union pour l’Art Social pallie sa relative expérience de construction en milieu urbain.
Il sera l’un des cinq membres fondateurs de la société civile immobilière par actions constituée pour édifier la Comédie, dont le capital social se monte à 350'000.- Fr.
« Ce type de salle favorise la concentration et la réceptivité d’un public mieux à même de ‘communier avec le grand art’ »
« Baudin opte pour pour l’habituel sol à plan incliné ainsi que pour deux niveaux de galeries qu’il confine cependant à l’opposé de la scène. »
« Par souci de commodité et d’efficacité, Baudin reporte le parterre de la grande salle à l’étage supérieur afin de ménager au plainpied l’infrastructure nécessaire à l’accueil des spectateurs, tels que vestiaires, toilettes et dégagements. »
« Tant par choix que par nécessité, la salle elliptique de tradition italo-française, alors encore fort goûtée d’un public qui aime autant voir qu’être vu, est abandonnée au profit d’un espace rectangulaire. »
Christine Amsler
Entre avant-garde et classicisme
Dans ses avant-projets datés de 1910, Henry Baudin avait recouru au style néo-Louis XVI.
Grâce à la collaboration de l’artiste Erich Hermès, un esprit d’avant-garde préfigurant l’Art Déco souffla sur la Comédie : pavement en mosaïque des circulations intérieures, choix des couleurs (gris perle, jaune, orange, or et cuivre pour les lambris, parois, lustres et plafond ; brioche pour les sièges), utilisation du pochoir (palmettes et couronnes laurées des caissons de la voûte et des garde-corps).
Curieusement, ces éléments contemporains voisinèrent avec des poncifs du classicisme : voûte à caissons de la grande salle, (fausses) voûtes du plainpied soutenues par de solides piliers aux motifs végétalisants.
Michel Kullmann incarne Henry Baudin dans 1913, pièce anniversaire de Mathieu Bertholet représentée en 2013.
Etude d'Erich Hermès pour le rideau de scène
Détail de Mosaïque d'Erich Hermès
Un des trois mascarons dessinés par Erich Hermès pour le frontispice de la Comédie
« Ces évocations du passé, aux intentions didactiques à peine dissimulées, sont cependant subtilement dispersées et réinterprétées de manière à entrer en résonance avec le restant du décor et à constituer un ensemble d’une qualité qui se veut à la mesure des espoirs que placent alors les principaux promoteurs de La Comédie dans le rôle éducateur de l’art. »
Christine Amsler
« Cet événement prend un caractère mondain, sélect, l’on s’y donne rendez-vous et l’on arbore la toilette sortie juste à temps de la grande maison de couture.
Les regards s’entrecroisent. Les échanges de salut se multiplient, les habitués se retrouvent et l’impénétrable directeur dirige ses yeux sur l’ensemble de la salle afin de se voir refléter sur les visages la même curiosité éveillée qu’il constate au début de chaque saison.
Aussi la comédie légère, fine et spirituelle d’André Rivoire et Romain Coolus, qui a pour tittre ‘Pardon, Madame…’ a dès le premier acte charmé les spectateurs. »
Le premier rôle de Pardon Madame est interprété par la célèbre Blanche Derval
« Mme Blanche Derval (…) nous revient avec une maîtrise et une sûreté remarquables. Son interprétation de Mme Tournade ne peut que lui valoir des éloges flatteurs et la scène finale du 3ème acte a été rendue avec beaucoup de finesse et de sensibilité. »