L'École des mères/
Les acteurs
de bonne foi

1992
Mise en scène :
Claude Stratz
Texte :
Marivaux

« Deux heures de régal, le triomphe de la subtilité désinvolte. Superbe ! » 

L’enchantement des spectateurs et de la critique est palpable, pour ces deux pièces filées bout à bout et dare-dare, où le metteur en scène fait brillamment entendre son amour pour cet auteur d’un humour cruel et féroce, qui apparaît d’un dynamisme et d’une modernité éclatante, « où l’on redécouvre au passage le bonheur d’être spectateur. »

« C’est la meilleure réalisation de l’automne. Tout simplement. »  

« Son parti pris de mise en scène est idéal »


Charmés, les critiques ne tarissent pas d’éloges sur l’intelligence d’une mise en scène classique qui cisèle avec finesse les mots de l’auteur.

« Stratz revient au théâtre dans le théâtre, avec une élégance et une simplicité extrêmes, se réjouit Chantal Savioz dans La Tribune de Genève. Sa mise en scène de Marivaux est allée à l’essentiel » : « fluide, empreinte de cette sobriété efficace qui donne toute sa force au rythme et à la présence des comédiens », analyse Jean-Bernard Mottet pour le Courrier.


 


 

« Ce que l’on ne savait pas, en revanche, c’est que ce travail de longue haleine entrepris par le directeur de la Comédie – sur Pirandello, Claudel et aujourd’hui Marivaux – atteindrait un jour ce fond d’évidence qui est, au théâtre, le passage obligé vers la perfection. 

Ce jour, dont les précédents spectacles annonçaient le proche avènement, est bel et bien arrivé » conclut Thierry Mertenat dans le Journal de Genève.

« Un tel théâtre vient alors rappeler que la lucidité, la virtuosité et les raccourcis de l’intuition sont choses jouissives. Que l’intelligence peut faire rire. Aux larmes. »

Stéphane Bonvin


 

« Il est vrai que j’ai horreur des mises en scène superfétatoires, à savoir cette option qui consiste à prendre systématiquement le contre-pied du texte ou à le charger de significations parasitaires.
Je ne suis pas baroque, j’ai un idéal classique.
Je tends à une narration architecturée qui permette de raconter le plus avec le moins de moyens possibles. » 

Claude Stratz


 

« Entre la nuit de ‘L’école des mères’ et le jour de ‘Les acteurs de bonne foi’, pas besoin de faire entracte : il suffit d’un coup de projecteur sur le plafond de la scène de la Comédie. C’est un moment suspendu, et le plus précieux. 

Pleins feux sur les poulies et la machinerie du théâtre, en silence, pour dire que, de la réalité au théâtre, il n’y a rien. Et que, comme dans Marivaux, du mensonge à la sincérité pure, il n’y a pas loin. » 

Stéphane Bonvin

« Ce goût pour l’épure qui laisse affleurer l’essentiel »

« Peu sensible aux chanteurs gras et aux falbalas, [Ezio Toffolutti] le scénographe d’opéra italien a judicieusement opté pour une sobriété qui contrebalance parfaitement les débordements de sentiments » analyse L’Hebdo, tandis que Jean-Bernard Mottet enchérit au Courrier  : « la rigueur géométrique souligne d’autant la poésie de la langue et des gestes, le moindre mouvement produit son poids de sens. »

« Le moindre mouvement produit son poids de sens »


 


 

« Entrent les personnages qui, saisis tels des papillons, virevoltent, s’agitent et parfois parviennent à s’échapper, avant de retomber dans le piège »

Jean-Pierre Han

Hauteur de 7m à la face, 7,60m au lointain, largeur de 6,50m, profondeur de 6m pour le jeu, 10m minimum jusqu’au rideau blanc. Le sol : un plateau en pente de 6% et un plafond d’environ 600Kg.

Un carton à chaussures en guise de boîte à jouer

« A voir pour le décor, grande boîte immaculée qui résonne jour et nuit des bruits du vent, d’un cri de chouette effrayée, ou d’une cigale chauffée au soleil. Entendre la vie vivante, affluer du dehors… »

Stéphane Bonvin

A l’instar de Mathilde La Bardonnie de Libération, la presse s’émerveille devant le « décor archiblanc, d’un blanc étincelant, d’Ezio Toffolutti : conçu comme une boîte, un parallélépipède aux perspectives chiadées, posé tel que, encastré dans un autre cube qu’est la scène du théâtre. D’un blanc si blanc qu’il éblouit ».

Une sobriété totale, rehaussée par un travail formidable sur le son et les éclairages, que commande le théâtre de Marivaux « extrêmement concret.
Le rapport entre les gens est analysé de façon très fine mais le contexte reste très abstrait, explique Claude Stratz. [Avec Ezio Toffolutti], nous avons choisi un parti pris d’espace permettant le concret par un minimum d’abstraction.

Tout se passe dans cette boîte. Je n’avais pas envie de coulisses. Pas envie qu’on se demande d’où viennent les gens et où ils vont. Ils viennent de rien, ils apparaissent, c’est tout. »

« Les bruits et les lumières changent, viennent d’un dehors imaginaire,
mais il n’y a rien dans ce dehors. Ca donne sur du vide. »

Claude Stratz


 

«Je me souviens qu’Ezio Toffolutti s’est mis à farfouiller dans son atelier et qu’il a tiré d’un recoin encombré un carton à chaussures qu’il a posé sur la scène »

Ezio Toffolutti et Claude Stratz

« Après trois jours de conversation dans son atelier, alors qu’il avait renoncé à dessiner la moindre esquisse (pour ne pas laisser sa main tracer seule le décor), alors qu’il avait préféré ne pas regarder d’image (…), alors qu’il se refusait à tailler le volume d’un décor dans ces grandes feuilles de carton qu’utilisent les décorateurs et alors que nous nous trouvions tous les deux devant une maquette de la scène vide, juste cernée par la haute arche de son cadre, je me souviens qu’Ezio Toffolutti s’est mis à farfouiller dans son atelier et qu’il a tiré d’un recoin encombré un carton à chaussures qu’il a posé sur la scène.

C’est par ce geste à la fois anodin et provocant qu’il a conçu le décor le plus simple (un objet brut), le plus sophistiqué (un cube aux perspectives savantes) et le plus poétique.
Il avait transformé un carton à chaussures en boîte à jouer. »  

Claude Stratz

L’ombre, puis la lumière. Époustouflant. 

« Les apparitions évanescentes des acteurs dans le clair-obscur des quinquets, puis dans l’évidence du plein-feu sont autant d’impressions laissées par une esthétique qui n’est pas sans rappeler celle de Strehler »

Sandrine Fabbri

« La première pièce, dans ses jeux de dévoilements, devenant comme le négatif de la seconde »

Distribution

1992, L’ÉCOLE DES MÈRES / LES ACTEURS DE BONNE FOI

De Marivaux
Production Comédie de Genève
Du 3 au 21 novembre 1992

Mise en scène : Claude Stratz 
Décors et costumes : Ezio Toffolutti
Lumières : Jean-Philippe Roy
Son : Philippe Cachia
Chorégraphie de l'intermède : Noémi Lapzeson
Assistante à la mise en scène : Anne-Marie Delbart
Collaboration pour les costumes : Conchita Salvador
 

Distribution :

L'ECOLE DES MERES    
Lisette : Viviana Aliberti
Angélique : Madeleine Assas
Madame Argante : Leyla Aubert
Champagne : Patrick Catalifo
Eraste : Laurent Deshusses
Monsieur Damis : André Faure
Frontin : Thierry Frémont

LES ACTEURS DE BONNE FOI
Angélique : Viviana Aliberti
Lisette : Madeleine Assas    
Madame Argante : Leyla Aubert    
Merlin : Patrick Catalifo
Madame Amelin : Corinne Coderey    
Eraste : Laurent Deshusses
Un notaire de village : André Faure
Blaise : Thierry Frémont
Colette : Vanessa Larré    
Araminte : Laurence Montandon