Les larmes amères
de Petra von Kant
Anne Bisang
Rainer Werner Fassbinder
« La Comédie joue sa saison avec Fassbinder ». Public et critiques languissent d’une confirmation artistique de la directrice des lieux, à l’instar de Thierry Mertenat qui interpelle ainsi Anne Bisang et son équipe d’artistes vingtenaires : « Aura-t-on la chance d’applaudir un spectacle capable de nous ébranler et de nous émouvoir ? C'est dire si la dernière création de la saison est aussi la plus importante », insiste-t-il.
Le succès obtenu sera tel que le théâtre romand se réveillera le lendemain de la dernière « avec la gueule de bois ».
« Il n'y avait plus un strapontin de libre à la Comédie pour sécher Les larmes amères de Petra von Kant »
« La difficulté est là : il faut sauvegarder la violence de la passion et donner son étoffe à chacune de ses étapes.
La réussite d'Anne Bisang est précisément d'avoir rendu vraisemblables ces transitions, d'avoir su figurer l'arythmie du désir, ses accélérations et ses coups de frein qui sont autant de coups de froid. »
Alexandre Demidoff
« Anne est très directive dans le rapport au texte et à ses motivations profondes. On sent qu'elle est directement concernée par cette pièce, par les questions de pouvoir et de domination qu'elle pose. Elle sait pourquoi elle monte aujourd'hui Les larmes amères. »
Hélène Cattin – Petra
Collaboration féconde
« Tout le monde, ici, raconte la même histoire »
Thierry Mertenat
Le décor…
« Nous sommes dans un show-room appartement où Petra mélange vie publique et vie privée.
Sorte de gros coquillage, le meuble principal (à la fois lit et bureau) lui offre de s’y hisser comme sur un trône, de dominer sa petite cour qui excite l’admiration ou la convoitise, mais aussi d’être la proie de tous les regards. Un escalier (face jardin) comme seul accès à cet appartement joue l’effet ‘tour d’ivoire’.
Le rideau de perle termine cette installation show-room. Il aurait pu être signé par un ami de Petra, architecte d’intérieur ou artiste en vogue. Il amène une verticalité, une échappée, un scintillement dans un univers plutôt mat et froid, et permet de faire un gros plan ou d’isoler certains protagonistes. »
Benoît Delaunay, scénographe
… les costumes…
« La styliste Valérie Hangel dont les costumes magnifiques, loin de donner à voir un défilé de belles élégantes, traduisent la corporéité sensible, nette et déchirante de chaque actrice… »
… les projections…
« … A laquelle répondent les projections hallucinées du vidéaste Alexandre Baechler… »
… et les mots
« …et les mots d'aujourd'hui du traducteur Mathieu Bertholet. »
— Valérie von Kant : Qu’est-ce qui t’arrive ma fille ?
— Petra : Vous êtes toutes tellement hypocrites. Des petites connes hypocrites. Vous savez rien, rien.
— Gabrièle : Maman.
— Petra : Tu es une gamine révulsante. Je te hais. Je vous hais. Toutes.
— Gabrièle : Mais… Maman, maman…
— Petra : Ne me touche pas ! Marlène, fais-moi un gin tonic. Si vous saviez comme vous êtes répugnantes. Santé ! Toutes des petites fouille-merde.
— Valérie : Qu’est-ce qu’elle a ?
— Sidonie : La pauvre…
— Petra : Je ne suis pas pauvre, Sidonie. Je vous vois juste avec des yeux nouveaux et ce que je vois me fait gerber !
Zoom sur
La touche high-tech
Distribution
2001, LES LARMES AMÈRES DE PETRA VON KANT
De Rainer Werner Fassbinder Mise en scène : Anne Bisang |
Distribution : Petra : Hélène Cattin Karine : Sophie Lukasik Marlène : Caroline Gasser Sidonie : Franziska Kahl Valérie von Kant : Séverine Bujard Gabrièle : Elodie Weber |