Ruy Blas
Gérard Carrat
Victor Hugo
Durant trois heures rythmées de mélodies baroques, laquais et seigneurs castillans tirent le meilleur d’une mise en scène volubile inspirée des romans de cape et d’épée. Favori des soirées estivales, le premier spectacle joué exclusivement par des comédiens locaux ouvre ensuite la saison de la Comédie… au grand dam des férus d’œuvres contemporaines.
« …la toilette de la reine, en large robe à panier blanc cassé tout droit sortie d’une toile de Vélasquez »
« Sur le plan visuel, la réussite est totale »
« Quelques taches de pourpre, de vert mousse ou de vieux rose qui forment contraste avec la toilette de la reine, en large robe à panier blanc cassé tout droit sortie d’une toile de Vélasquez », oui, « mais au III, c’est de Rembrandt qu’il s’agit. Ah ! Le bel et austère ensemble que forment au pied d’un dais géant, assis sur des stalles ou devisant debout, ces seigneurs habillés de noir, leurs grands feutres, et les notes blanches des rabats et des fraises ! »
« Michel Cassagne, sympathique Don César, débridé, bohême, insouciant, hors de toutes contingences de respectabilité et d’insatisfaction, déclassé avec délectation, riant de ses mésaventures accumulées, atteignant, pour notre joie, le plus haut comique. »
J.Roger Didier
« Don Salluste, c’est le cerveau, le meneur de jeu cruel, impitoyable, pour qui la vengeance est le but suprême. Jean Bruno s’y affirme comme un comédien exceptionnel.
Ses apparitions nous donnent le frisson, sa froide dialectique, ses maléfices attaquent profondément notre sensibilité. »
J.Roger Didier
« Au travers de cinq actes qui demandent un très gros effort (…), François Germond a de très grands moments, notamment à l’acte III où il est véhément sans emphase, et au V qu’il vit en puissance contenue à quoi rien ne résiste.
Son exécution verbale de Don Salluste, avant le châtiment, est d’une rare intensité. »
J.Roger Didier
« Germond sait faire pleurer les dames et Cassagne faire rire la compagnie, que désirer de plus ? »
Une classique d’un classique
« Qu’avons-nous en définitive qu’un spectacle bien fait, avec des costumes impeccables, un décor adéquat et des comédiens serviles ?
Un bon ‘Ruy Blas’ dans la plus pure tradition, sans une once de découverte. »
Dominique Bord
« Une interprétation du texte linéaire, l’important résidant, comme dans le roman-feuilleton, dans la question :
Ruy Blas meurt-il à la fin ? »
Le paradoxe d’une réussite surannée
Invraisemblances de l’intrigue saturée de pittoresque, mobiles psychologiques sommaires, poésie « plus sonore que subtile »…
Mais aussi un enchantement visuel, une mise en scène sobre et intelligente qui valorise un certain panache, des affrontements terribles et des scènes touchantes.
« Bref, résume Isabelle Martin dans les colonnes du Journal de Genève : un mélodrame bien ficelé, qui pourrait encore faire pleurer une moderne Margot lectrice de ‘France-Dimanche’. Las, Hugo n’est pas Büchner ni même Musset, et tout le monde ne lit pas ‘France-Dimanche’… »
Parfaitement suivie, la mode rétro laisse cependant un petit goût amer, qui pousse le critique de La Suisse à lancer :
« que ne voue-t-on pas tous ces talents à la création d’une œuvre réellement contemporaine, qui concerne vraiment le spectateur d’aujourd’hui ? »
Distribution
1974, RUY BLAS
Victor Hugo Mise en scène : Gérard Carrat |
Distribution : Claire Dominique Monique Mani Patrizia Maselli Denise Gouverneur François Germond Michel Cassagne Jean Bruno Bernard Arcynski Entourés de 14 autres comédiens |