Pietro Aretino
Jean Jourdheuil
et Jean-François Peyret
Jean Jourdheuil
et Jean-François Peyret
Au cœur de la saison de toutes les audaces, montée autour de six productions contemporaines dont trois créations mondiales, cette causerie érudite transforme la scène en salon littéraire dépouillé de toute illusion théâtrale. Un spectacle didactique qui vire à l’exercice de style « à l’image du personnage : à la fois mystérieux et prosaïque, intriguant et décevant – en étant conscient de l’être – drôle, raffiné, iconoclaste ».
« Quel curieux mélange de maniérisme et de cocasserie, de prosaïsme et de verbiage intello ! »
« Les murs du théâtre sont apparents, la fiction encore incertaine : chaque comédien est d’abord ‘lui-même’ comme l’indique le programme, avant de devenir, comme par inadvertance, l’un ou l’autre des personnages d’époque.
Tous sortis d’une grande forme noire qui dresse le plateau comme une matrice opaque, les accessoires envahissent peu à peu le plateau.
Par bribes, la Renaissance italienne, ou plus exactement une image fragmentée de la Renaissance, se construit avec ses Papes, ses Médicis, ses conquérants – François Ier et Charles Quint – ses batailles et son génie » explique Gilles Anex, séduit, au Journal de Genève.
Déconcerté, Frank Fredenrich estime que cette introduction fait très ‘théâtre dans le théâtre’ – résultat « d’une oeuvre d’universitaires, cela se voit et ne saurait être ignoré » argumente-t-il dans les colonnes de La Tribune.
Tandis que son confrère du Matin regrette la « farce intelligente mais où l’intelligence – codée – est une agacerie de plus, la première partie de ce ‘Pietro Aretino’ se voulant sans doute apéritive…
Les amuse-gueules ne manquent pas, tout comme la lassitude qui s’installe à force de tourner autour d’un personnage croustillant dont le ventre… théâtral sonne creux. »
« Ces bavardages incessants risquent fort d’ennuyer ceux à qui les subtiles délectations de l’intellect et de l’ouïe ne suffisent pas. Autant dire tout de suite que celles-ci sont destinées à un public averti. »
Voix Ouvrière
« A l’entracte c’est l’hémorragie du côté des spectateurs.
Il faut 40 minutes pour planter l’autre décor, Venise à l’heure de pointe avec un embouteillage de cinq gondoles.
Ces gondoles sont le dernier salon où l’on cause académiquement, agréablement.
Arrivez avec deux heures de retard et participez à la dernière heure et vous aurez tout vu. »
Georges Gros
A défaut de rassasier…
« Puis la perspective se déplace. En se réfugiant à Venise, l’Aretin abandonne la perspective d’une carrière historique pour se consacrer à la promotion de sa propre image publique.
On le retrouve donc au cours d’une soirée-rêverie en compagnie d’amis et de courtisanes où il est surtout question d’art et d’esthétique’ » poursuit Jean Jourdheuil.
Et de fait. « C’est, semble-t-il à Jean-Pierre Thibaudat de Libération, la fonction de ce spectacle d’être plus appétissant que nourrissant. Ne voulant pas ou ne parvenant pas à distiller toute la saveur des lettres de l’Arétin en élixir théâtral et faute de faire les frais (dans tous les sens du terme) d’un plat consistant (dit de résistance) les établissements Jourdheuil & Peyret se contentent de servir l’apéritif et ses agaceries croustillantes. »
« On sort de là le ventre un peu creux avec une furieuse envie de dévorer les lettres de l’Arétin »
Jean-Pierre Thibaudet
Pietro Aretino
Surnommé le « fléau des princes » de la Renaissance, Pietro Aretino (1492-1556) doit sa célébrité à une œuvre prolifique et sulfureuse – sonnets luxurieux, dialogue platonicien de prostituée, comédies et tragédie – mais surtout à sa correspondance satirique, 3 000 lettres qui étrillent, sur fond de commentaires d’actualité, tout ce que l’époque compte de princes et de grands.
« Il rend publiques ses missives traitant de tous les sujets, politique, économie, faits, divers, mode, gastronomie, art, littérature. Comme un journal moderne, à la différence qu’un seul rédacteur tient toutes les rubriques et l’éditorial », salue Isabelle Ruf dans L’Hebdo. « Sa plume, son arme de toujours, est devenue très efficace, poursuit-elle. Il introduit dans la relation avec ses maîtres le regard jusque-là exclu de la population. L’opinion publique est née. Il s’en sert comme un surfer de la vague. Observés, jugés, moqués, les princes raquent. » François Ier (une chaîne en or) et Charles Quint (une pension), entre autres.
« L’Aretin fut publié, au moment où naissait l’imprimerie, à plus de 10.000 exemplaires. Ce qui correspondrait aujourd’hui à plus de 120.000. C’était énorme ! »
Michel Caspary
Distribution
1985, PIETRO ARETINO
Spectacle de Jean Jourdheuil, Jean-François Peyret et Titina Maselli Texte établi par Jean Jourdheuil |
Distribution : Lui-même, puis Jean des Bandes Noires, puis le méchant secrétaire : Daniel Briquet Lui-même, puis le Pape, puis le Titien : Jean Dautremay Lui-même, puis l'Arétin : Jacques Denis Lui-même, puis l'assassin, puis François Ier, puis l'intellectuel Giambattista Strozzi : Michel Kullmann Elle-même, puis la courtisane Angela Zaffetta : Laurence Montandon La Perina : Hélène Montavon Elle-même, puis la courtisane Zufolina : Laurence Rochaix Lui-même, puis le dataire Giberti, puis Charles-Quint, puis un abbé, puis Ignace de Loyola : Jorge Silva Melo Clarinette : Hélène Montavon Orgue : Laurence Montavon, puis Jean Dautremay |