Play
Strindberg

Création française
1971
Mise en scène :
William Jacques
et Friedrich Dürrenmatt
Texte :
Friedrich Dürrenmatt
Traduction :
Walter Weideli

Des versions du texte en cascade. Une pièce sans entracte, divisée en rounds dignes d’un combat qui, « sur le plan psychologique, assure-t-on, n’a rien à envier au match Clay-Frazier. » La veille de la première, le Journal de Genève relève « l’initiative courageuse » qui fait craindre que les abonnées des galas Karsenty-Herbert n’y trouvent pas leur compte. « Souhaitons donc à ces représentations un succès qui démentirait les pronostics les plus pessimistes », conclut-il.

Match nécessaire ou entreprise artificielle ?

« Les acteurs entraient dans leur personnage, jouaient une situation jusqu’à l’épuiser, puis redevenaient eux-mêmes pour annoncer le numéro du round et son titre et, immédiatement après, devaient redonner un coup de rein fantastique pour redevenir les personnages et reprendre l’action là où elle était restée. »

William Jacques, metteur en scène

« Ce chaud-froid perpétuel entre une scène de violence et l’annonce à froid d’une autre scène posait des problèmes très difficiles aux acteurs » 

Walter Weideli, traducteur

« Le souci pour moi, explique William Jacques, était d’arriver, malgré ces coupures, à conserver un rythme et à faire en sorte que la pièce se joue comme elle a été écrite, c’est-à-dire montée sans aucun entracte – une montée continuelle depuis le départ jusqu’à la fin, chaos ou match nul, accélérée sur la fin sans tomber dans une rapidité gratuite, en conservant la vérité des personnages. »

« Au fur et à mesure des rounds, des gens du parterre quittaient la salle (...) les abonnés de la Comédie étaient privés du sacro-saint entracte, coupure qui leur paraît indispensable pour les mondanités. »

Tribune de Genève

Un ring confortable – « genre salon design pour huis clos »

« Nous avons souligné le dépouillement du texte, sa concision et fait des économies partout où nous pouvions : en supprimant le piano, le buffet, la table de télégraphe…’ » , précise William Jacques.

Reste une scène circulaire surélevée, entourée de gradins sur lesquels sont posés les accessoires. Ainsi, les acteurs qui sortent de scène ne quittent le podium blanc que pour aller s’asseoir sur les gradins. « Si bien qu’ils sont prisonniers du début à la fin, poursuit le metteur en scène, en présence des spectateurs, de leurs personnalités, d’eux-mêmes et de leurs camarades. »

« C’est sans doute une île mais c’est aussi un ring (quand il n’est pas qualifié de piste de cirque ou de dancing). Il s’agit d’un monde absolument clos mais, paradoxalement, non borné par un mur. »

« Le combat serait moins ennuyeux s’il cessait brusquement par un KO inattendu, comme cela arrive dans un véritable match de boxe. En effet, les reprises sont longues. »

Tribune de Genève

Caprice de vedette

Suzanne Flon dans le rôle d’Alice

Monique Jacot photographie Madeleine Robinson

Jeudi 4 février 1971. 34e jour de répétition.
Madeleine Robinson ne se présente pas. Refusant le choix de Jean Martin dans le rôle d’Edgar, désapprouvant sa prestation pendant les répétitions, se sentant flouée de l’absence de Friedrich Dürrenmatt censé assurer une partie de la mise en scène, blessée de l’attitude de la direction pour laquelle « il n’était pas question de céder au caprice d’une vedette »,

Madeleine Robinson claque la porte.
A cinq semaines de la première, c’est évidemment une catastrophe. 

Dans l’urgence, André Talmès doit trouver une tête d’affiche capable de jouer Alice et d’être agréée par l’auteur. Suzanne Flon reprend la pièce au pied levé dès le 5 février. Avec le brio dont la presse se fera l’écho.

Suzanne Flon à la rescousse : lucide et effrayante

« Il faut dire que je n’aurais jamais pensé jouer ‘La Danse de Mort’, le texte de Strindberg n’était absolument pas fait pour moi. Par contre, la version de Dürrenmatt me permet d’interpéter le rôle d’Alice. Le ton de la pièce change. » 

« Suzanne Flon domine le rôle le plus ardu : rester femme malgré le désir tenace de dévorer, feindre la discrétion face aux débordements de son partenaire. »

Antoine Scheuchzer

« Il fallait éviter à tout prix un nouveau ‘Qui a peur de Virginia Woolf’ »

William Jacques

Distribution

1971, PLAY STRINDBERG 

De Friedrich Dürrenmatt
Traduction de Walter Weideli
Production Comédie de Genève
Du 17 au 22 mars 1971

Mise en scène : William Jacques
Dispositif scénique : Jean Jacquet
 

Distribution :
Suzanne Flon
Jean Martin, du Théâtre National Populaire de Paris
André Faure