Méphisto/
Rien qu'un acteur
Anne Bisang
Mathieu Bertholet
Etudier un cas d’école, le comédien Gustaf Gründgens déclaré infréquentable parce qu’il s’est compromis avec le régime nazi ? Révéler la façon dont il a gagné sur tous les tableaux par une commande à un jeune auteur prometteur ? Un coup diabolique. « Son Mephisto porté par dix acteurs impeccables passionne, comme à chaque fois que le théâtre fixe l’Histoire dans les yeux » résume Alexandre Demidoff, au diapason de l’emballement du public et de la critique.
« Un Gustaf Gründgens exemplaire.
Si tant est que le diable puisse servir d’exemple. »
Remarquable. De haute volée. L’ensemble de la distribution emballe critique et public. Et magnifie d’autant l’interprétation de Christophe Grégoire « qui impose un ‘Mephisto’ incandescent ».
« Christophe Grégoire se métamorphose à vue et nous voici au cœur de la fabrique à illusions. Fascinés. »
Alexandre Demidoff
« Le diable naît sous le pinceau.
Acteur ailé » se transformant à vue sous le regard ébloui d’Alexandre Demidoff, « on peut le voir bondir sur scène avec des grâces de félin retors. Précis, rapide, d’une subtilité de jeu étonnante », Christophe Grégoire campe un être « veule, mais pas forcément lâche, opportuniste à défaut d’être nazi ; il laisse dans son sillage un filet de cendres qui ne délimite aucune frontière précise » admire Lionel Chiuch dans la Tribune de Genève.
Gustaf Gründgens
« II était tout et rien. Il était le comédien par excellence. »
« ‘Gustaf était brillant, spirituel, blasé, mondain. Avec quelle nonchalante élégance ne décochait-il pas les pointes dans la pièce d’Oscar WildeThe importance of being earnest !
Gustaf était sombre et démoniaque, Gustaf était las et maladif, Gustaf était d’une vitalité débordante : il était tour à tour amant juvénile, père noble, intrigant et bon vivant. »
Klaus Mann
Christophe Grégoire
« Mon boulot, c’est d’essayer de faire descendre le texte dans mon corps. »
« De ces premiers émois artistiques, le jeune homme (Grégoire) conservera le goût du ‘théâtre vivant’, quasi ‘organique’.
‘Je viens plutôt du corps, précise-t-il. Les mots sont arrivés après. Il y a des acteurs de tête et des acteurs de cœur : le plus difficile, c’est de trouver l’équilibre.’ »
Lionel Chiuch
42 séquences à la vitesse de l’éclair
« Mathieu Bertholet bâtit sa fiction comme on dessine une maquette et invente une écriture qui fonctionne comme un jeu de construction dont les éléments sont des modules narratifs très courts, assemblés de façon à produire du sens par effets de montage.
Le récit central retrace les parcours jumelés de Gustaf Gründgens et des enfants Mann. Il se dédouble pour raconter leurs chemins qui se séparent et utilise alors le procédé cinématographique de champ/contrechamp.
Le fil narratif, linéaire bouleversé par des prolepses, met en perspective les destins individuels et la grande histoire » analyse Arielle Meyer.
« Tout va très vite dans ce Mephisto – et ce rythme, c’est un style. Tout file vers l’abîme. »
Alexandre Demidoff
Scènes 18 à 23
Captation vidéo de la scène
Des cubes sur trois étages que distribue un escalier à double volée.
Conçue par Anna Popek, cette construction multi-espaces contemporaine, neutre et transformable à volonté, « intègre à la fois le minimalisme de l’écriture de Bertholet et la structure en collage de la pièce qui elle-même renvoie à des formes des années 20–30, dans l’esprit des scénographies de Piscator » détaille Anne Bisang.
« Nous avons créé une sorte de machinerie nous permettant de voyager dans le temps et dans l’espace »
Anna Popek
« Dans ces carrés, les séquences se font suite à vive allure, soulignées par les éclairages suggestifs de Paola Mulone. Le spectacle prend ainsi une allure cinématographique, souligne Bruno Villien, des effets de fondus-enchaînés cadrant idéalement avec le sujet puisque Gründgens fut aussi une vedette du grand écran. »
« Costumes, maquillage et lumières – tous réussis – apportent l’indispensable coloration ‘cabaret berlinois’ »
Un air de déjà-vu
Scènes brèves. Rythmées. Tendues vers l’événement final. Ecriture dépouillée. Dialogues secs et percutants. Scénographie architecturée. Divers points isolés par des éclairages. Escalier…
Se retrouvent là tous les éléments caractéristiques de la pièce historico-politique de Walter Weideli, Eclatant soleil de l’injustice, qui s’empare, en 1968, du célèbre procès de Sacco et Vanzetti.
Distribution
2006, MÉPHISTO/ RIEN QU’N ACTEUR
De Mathieu Bertholet Mise en scène : Anne Bisang |
Distribution : Christophe Grégoire dans le rôle de Gustaf Gründgens Juan Bilbeny Felipe Castro Jeanne de Mont David Gobet Stéphanie Leclercq Jacques Michel François Nadin Yvette Théraulaz Graziella Torrigiani |